Guatemala
Silence.
Il est huit heures du matin et le soleil entame tranquillement son ascension sur la capitale de Ciudad Guatemala. La pollution fait quelque résistance avant de laisser la place à ses rayons.
Silence.
Tout près, j’entends seulement les bruits de pas des vendeurs de ballons transparents en forme de coeur et remplis de paillettes dont les inscriptions souhaitent la bienvenue aux membres de la famille fraîchement atterris.
Silence.
Pas de musique, pas de cris, pas d’enregistrements en boucle de vendeurs de fruits. A côté de moi, deux anciens aux chicots tremblants parlent une langue aux sonorités inconnues, interrompue par des claquements de langue. Les habits traditionnels des femmes me laissent béat.
Et ce silence. A un moment, une dispute éclate entre deux vendeurs de ballon. Leurs voix, posées, tranchent avec la tranquillité du lieu. La police intervient, silencieusement. L’affaire est réglée en quelques minutes.
Il m’aura fallu dix minutes pour réaliser le changement d’ambiance.
Place centrale de Ciudad Antigua, ancienne capitale du Guatemala.
Le citoyen guatémaltèque semble l’antithèse du dominicain type. Posé, respectueux, poli à l’outrance, humble, silencieux. Rien à voir avec l’ambiance caribéenne que j’étais venu chercher au long de ce voyage. Et pourtant, cette tranquillité ne me dérange pas. En tout cas pas autant que ce que je penserais. Elle incite à se poser, à méditer, admirer le moment présent, y percevoir les quelques évolutions subtiles. Le changement de pays n’est pas brutal, il est tout en douceur. Ici, le marchandage n’est pas un chant à deux voix, il est une discussion rationnelle, n’aboutissant pas sur grand chose.
Place centrale de Ciudad Antigua
Rien ne sert d’ailleurs de hausser la voix, tout est prévu pour moi. J’apprends la signification du mot shuttle, qui permet aux touristes de voyager rapidement d’un lieu touristique incontournable à un autre, sans passer par les interminables trajets en chicken bus.
Ces shuttles sont pratiques, mais ils donnent la sensation de ne pas vraiment découvrir le pays, plutôt de le visiter. Ils nous font sauter d’un lieu touristique à l’autre, selon un itinéraire usé des centaines de milliers de fois par les touristes avant nous, et qui continuera d’être tracé par des centaines de milliers de touristes à notre suite. Antigua, Acatenango, Atitlán, Chichicastenango, Semuc Champey, Flores, Tikal, Livingston, … dans un sens ou dans l’autre, on se retrouve tous à faire le même trajet.
En sortant d’un bus, tout est prévu, le taxi, le tuk tuk, le shuttle nous attendent. Il ne semble pas y avoir d’imprévu, on sait déjà mieux que toi ce que tu as décidé de voir, où tu vas aller. Je croise les mêmes têtes, une, deux fois, en fonction des envies de chacun de rester plus ou moins longtemps à l’un de la dizaine de sites touristiques.
En ce moment (fin mai), c’est la saison des anglais et des irlandais. Ils sont partout, et ne se mélangent pas. Ils sont même surpris de retrouver des connaissances vivant à quelques kilomètres de chez eux, à 8000 km de leurs rues pluvieuses. Leurs conversations entamées avec nous, non-anglophones, se clôturent vite, leurs accents sont incompréhensibles et les questions que je pose semblent trop banales pour des irlandais qui rigolent dans un patois indéchiffrable. C’est une frustration qui me suivra tout au long du voyage. J’en viens même à chercher des français, afin de créer mon propre groupe à moi, comme tous les grands pays savent le faire à l’autre bout du monde.
C’est également la saison des néerlandais. Eux restent tapis près des montagnes. Volcans, falaises, cols, ils veulent tout grimper. Tous les sommets avalés ici leur font oublier leur plat pays, d’une certaine manière. J’en rigole gentiment avec des… francophones.
A San Juan La Laguna, un des villages entourant le lac d'Atitlan
Les Guatémaltèques ne sont pas très bavard, mais le contact est facile. Ils te sourient, tu leur souris, buenos días, cómo se encuentra usted, les formulations sont ultra polies. Ils parlent lentement, on comprend tout. Les écoles d’espagnol pullulent, cela fait plus de sens qu’en République dominicaine. Mais ce sentiment de parc d’attraction pour gringos est difficile à enlever. Il faudra que je sorte des sentiers battus, pour visiter des lieux moins connus, pour découvrir un tout autre bout du monde, où l’on te dévisage, où ma hauteur et mes cheveux de blé font gentiment sensation. Là-bas, plus rien n’est prévu pour le touriste, il faut convaincre d’amener à un endroit, rien ne va de soi. Comme deux mondes opposés dans un même pays.
Volcan Agua depuis Ciudad Antigua
Après quelques jours à m’acclimater à ce nouveau bout du monde, je découvre un pays aux paysages magnifiques et à la culture unique. Les femmes sont belles, les hommes sont biens habillés et tout le monde fait deux têtes de moins que moi.
Je découvre avec soulagement que la nourriture n’est effectivement pas limitée au riz-poulet-haricots rouges. La tortilla fait son apparition, elle restera au centre de ce mois de voyage. À San Pedro, au bord du lac Atitlan, on m’explique l’importance du maïs dans la culture maya. Les quatre couleurs des grains de maïs représentent les quatre parties du corps. Du maïs sort la tortilla. La tortilla durant les repas, c’est sacré. On déjeune avec des tortillas, on les dîne et on les soupe. À côté, une sorte de bouse faite de haricots rouges écrasés. Mais surtout, des herbes aromatiques, du citron, quelques réhausseurs de goût traditionnels qui font du bien.
Du citron et des herbes aromatiques fraiches, de quoi tout changer après trois mois passés dans les Caraïbes
Au détour des chemins de montagne, on découvre des panneaux explicatifs dans des langues inconnues. Pas moyen de les déchiffrer. En descendant, on dépasse les Guatémaltèques venus chercher du bois pour cuisiner. Pas de charbon, pas de gaz. Du bois.
Le temps est sec, il ne pleut pas. La météo est clémente, sauf lors de mon ascension du volcan Acatenango, accomplie afin de s’émerveiller devant le volcan Fuego, son jeune voisin. A l’arrivée au campement, les nuages font fondre le paysage. Quelques malheureux venus voir d’encore plus près le spectacle d’un volcan en éruption sont rapidement perdus de vue dans la purée de poix qui nous cache le spectacle.
A deux heures du matin, lors d’un pipi nocturne, j’aperçois clairement les jets de lave qui dégringolent les versants du volcan par centaines. Peu après, un bruit sourd, énorme, qui me fait vibrer le corps tout entier. Je reste scotché. Ce spectacle dure jusqu’aux aurores, je suis témoin de ce moment avec mes yeux mais surtout avec mes tripes. Je n’avais jamais vu quelque chose de si impressionnant dans ma vie. Je me sens tout petit, la Terre et ses éléments prennent soudain beaucoup plus d’importance dans ma vision du monde. Je reste cois.
Pas de doute, le Guatemala me change intérieurement, et pour de bon. Par la suite, je fais beaucoup plus attention à ces silences, à ces moments où l’on semble ne rien faire, mais où l’on vit intensément, une brise légère, un chant d’oiseau invisible, un cri d’enfant. Tout devient signifiant, j’apprends du monde et il fait sens pour moi.
Volcan Fuego depuis l'Acatenango, au petit matin
En descendant de l'Acatenango
Mon voyage au Guatemala s'est déroulé au milieu d'incendies dans tout le pays.
À Antigua, plus bas dans la vallée, le ciel reste brumeux, on n’aperçoit la cime du volcan voisin, Agua, que par chance. Les incendies qui persistent dans le pays ramènent la présence des masques dans les rues. Les vieilles pierres composent des fresques colorées avec les fleurs des bougainvillées, bouquets roses, rouges, jaunes ou oranges. Le soleil pose la touche finale et j’immortalise le portrait. Les dalles font grincer les ressorts des vieilles voitures, danser leurs carcasses déjà rouillées. A la place centrale, je croise des vies déjà bien entamées dont les sourires sont toujours aussi sincères, des jeunes timides qui regardent les gringos en riant ou les dépassent avec désintérêt. Je dévisage, on me dévisage. Les conversations sont brèves.
Le soir, les touristes font la fête, accompagnés des riches Guatémaltèques venus de la capitale le week-end. L’alcool rend les locaux tout à fait différents, comme des jeunes adolescents qui ne connaissent pas leurs limites. On m’aborde sans détour, sans ambages, sans pudeur. Je n’y prends pas goût, alors que les dominicains étaient beaucoup plus directs. J’ai changé de pays et le pays m’a changé.
Ciudad Antigua
Au lac Atitlan, le ciel n’est dégagé que le matin, l’après midi est toujours pluvieux. Ce qui devait sans doute être un repaire de routards il y a quelques décennies est devenu un lac de Garde sous les tropiques. Les maisons d’architectes apparaissent sur les contours de l’étendue d’eau. Les touristes se prélassent dans des hôtels-boutiques sans intérêt qui font penser à l’Europe avec un paysage décalé.
Ailleurs, les hostels version 2.0 ont fait leur apparition ces dernières années, les salles de coworking se sont multipliées, les ordinateurs sont légions. Au lieu de rencontrer du monde, ces lieux nous font préférer se plonger dans son téléphone afin de ne pas paraître seul et désemparé. On jette des petits regards à la dérobée de temps en temps, pour voir si un contact facile est possible.
Je me prends au jeu difficilement et avec dépit. Je me mets à haïr ces appareils qui prennent toute la place dans nos vies, qui rendent si compliqué le contact humain, remplacent les sensations du corps par celles de la tête. Mais j’ai également ce penchant pour le téléphone, quand je ne connais personne, quand je suis dans le bus. Alors parfois je le mets au fond de mon sac, et je réapprends à attendre, à regarder, à sourire aux inconnus, à rêver. Cela fait du bien.
N’allez pas croire que les Occidentaux sont les seuls addicts aux téléphones. En fait, c’est bien pire pour les latinos, qui passent leur vie dessus. Les mamans mettent Tik Tok à fond dans les bus, les enfants sont hypnotisés par les dessins animés qu’on leur offre pour qu’ils se fassent oublier. Les seuls déconnectés sont les vieux, qui ont encore appris à sourire pleinement, à regarder dans les yeux, sans rien attendre de plus qu’une réciprocité.
La mainmise totale des téléphones sur nos vies, partout sur cette planète, est l’une des grandes déceptions de ce voyage. Moins naïf, je me sens chanceux d’être né dans un pays où des structures conscientisent, nous font débattre sur l’utilité de tels appareils "connectés" dans nos vies. Là-bas, on en est encore loin. Mais me voilà en train de faire la morale, j’arrête.
Face au luxe de ces hostels 2.0, on trouve encore quelques hostels « originels », ceux dont la cuisine est étroite, favorise les rencontres - pas seulement avec les humains. Ceux dont les lits superposés grincent et les murs sont fatigués de porter leurs couleurs. Si l’on sait faire fi de leur vétusté, ce sont souvent les hostels où l’on rencontre le plus d’histoires a raconter. Il y a quelques spécimens sociaux, qui se terrent là depuis quelque temps déjà, cherchent un sens à leur vie, ou ont arrêté.
Et puis finalement, il y a les party hostels. Ceux qu'on ne peut trouver que sur Hostel World, site de réservation de nuitée en ligne. On va là pour faire la fête et faire l’amour, pas pour dormir. D’ailleurs cette option est rarement possible. On pince son nez et on boit ses verres avant le voisin, on reçoit des tapes dans le dos et des avances de femmes aussi blondes que nous. On croise quelques locaux venus goutter la vie d’Occidentaux en mal du pays. On s’amuse souvent beaucoup, l’alcool aidant, mais on ne se souvient plus de beaucoup de noms le lendemain, et on a mal au crâne.
J’ai pu faire un peu de tout durant ce voyage, et comme il est rare de trouver chaussure à son pied, il est rare de trouver un hostel parfait. Mais comme le voyage apprend à se contenter de peu, je suis rapidement content de l’endroit où je dors, et je fais rarement de chichis.
Vue sur le lac Atitlan depuis un hostel version 2.0
San Juan La Laguna, sur le bord du lac Atitlan, en attendant le bateau.
Santa Cruz La Laguna, au bord du lac Atitlan.
A San Pedro de Atitlan, sur le bord du lac du même nom - mais plus généralement au Guatemala - je me rends compte que l’alcool est surtout un problème d’hommes. Le dimanche, les soûlards dorment ivre morts à côté des estaminets ou aux coins des rues. Ils titubent dans les rues pentues, regardent le sol. En l’absence de bachata, de soleil et de multitude, le tableau est plus effrayant, plus inquiétant. Je ne m’y attarde pas, je sais déjà que l’alcool détruit des vies plus facilement qu’un virus. Les mêmes problèmes existent chez nous, ils sont juste moins visibles.
A mi-hauteur du volcan San Pedro, donnant sur le lac Atitlan.
Ici les chants des oiseaux font réellement leur apparition dans ma vie. Ils sifflotent au dessus de ma tête et je les cherche du regard. Les sons semblent sortir d’une autre planète. L’émerveillement est total. Les longues queues jaunes et bleues, les battements d’ailes incessants ou tranquilles, les petites têtes qui se penchent, tout cela m’a captivé de longues journées, le matin au café, l’après midi à l’abri de la chaleur. Les colibris ne sont pas timides, ils viennent chercher leurs meilleures photos. Les autres animaux sont plus discrets, alors j’apprends à reconnaître les chants des oiseaux, à capter leurs regards, je m’amuse à les imiter, à imaginer qu’ils me répondent. Je cherche leurs noms sur internet, le demande aux passants.
Puis je redécouvre les singes. Ils m’avaient manqués et nos similitudes me captivent. Je les aperçois pour la première fois à Tikal, après avoir pris un bus de nuit qui m’amène de la capitale vers le Nord du pays. Ils me regardent comme un enfant me regarderait, avec la même intensité, la même conscience de soi, profondément perturbante. Ils m'imitent, s'irritent de mes regards pesants sur eux, me montrent leurs dents. Ils se grattent comme moi, jouent entre eux, se donnent des tapes sur la tête pour inciter à la bagarre, toujours amicale. Ils épluchent les papayes, se nettoient avec leurs mains et de l'eau fraîche. Nos similitudes sont impressionnantes. Elles sont perturbantes et magiques.
En attendant le bus à Ciudad Guatemala, je me fais haranguer par des migrants honduriens et nicas qui tentent leur vie pour arriver au Mexique. Les militaires nous sortent du bus à quatre heures du matin pour s’assurer que personne d’illégal n’est entre les mains du chauffeur. Au petit matin, à Santa Elena, devant un soleil levant sur le lac de Peten Itza et une chaleur déjà torride, je découvre le Peten, cette grande plaine qui forme tout le nord du pays.
L'île de Flores vue depuis un mirador perché dans les arbres. Au loin, on aperçoit les incendies en permanence. Il faisait quarante degrés.
Ici, les feux de forêts ont envahi la vie des locaux, il ne pleut pas depuis des mois. La journée passant, la chaleur devient impitoyable. On dépasse les quarante degrés et les 80 pourcents d’humidité. J’ai le tournis et j’apprends à me cacher du soleil, ce qui est tout un désapprentissage. Je change de vêtements deux fois par jours, mes fringues sentent la sueur à peine fini le petit déjeuner, les nuits sont rudes. Les bières sont fraîches. Les oiseaux sont magnifiques, les tons jaunes vifs prédominants.
Ile de Flores, crépuscule.
Flores, où je me base pour une semaine, est une petite île coincée au milieu d’un lac séparant auparavant la société humaine de la jungle du Peten. Mais la déforestation avance vite, et les paysans profitent de la sécheresse pour augmenter la taille de leurs parcelles. Sur le chemin de Tikal et Yaxhá, deux sites mayas enfouis dans la jungle, la terre est noire, les arbres sont morts. Au loin, les fumées s'élevant dans le ciel donnent des mines inquiètes aux habitants de la région. Tout le monde attend l’eau, qui doit arriver d’un jour à l’autre. Les animaux meurent déshydratés. Triste tableau.
A Flores, je suis allé visiter un refuge pour animaux sauvages victimes de braconnage ou de domestication. C'était un des seuls endroits où l'on était assuré de voir toute la faune locale tout en soutenant leur protection. Les oiseaux y étaient souvent de passage pour profiter du lieu.
Déforestation sur le chemin vers Tikal depuis Flores.
Sur le site de Yaxha, je m’émerveille devant les toucans arançaris, avant d’être effrayés par le bruit du singe hurleur et surpris par les branches tombant sur le sol à la suite du passage de singes araignées. Je regarde vers la cime des arbres en permanence, les singes passent tranquillement, ne s’intéressent pas à nos vies de terriens. Ils se savent tranquille là haut. Sur le bord des lacs, je cherche les caïmans avec un peu d’appréhension. J’apprends à nager dedans sans avoir peur d’être croqué. Les locaux disent que ça n’arrive jamais. Je leur fais confiance. Il fait trop chaud de toute façon.
Site archéologique de Yaxhà, premier site que j'ai pu découvrir dans le Petèn.
A la recherche de caïmans que je n'aurai finalement jamais vus...
Yaxhà, temple restauré.
La jungle du Peten vue du haut d'un temple.
Coucher de soleil sur le site de Yaxhà.
Le Peten est une découverte qui change ma vision du pays. Je reste émerveillé par tout ce que je vois pour la première fois de ma vie. Des animaux inconnus chez nous, une jungle mystérieuse, des temples millénaires enfouis dans la végétation, tout me captive. Écouter les singes hurleurs, partir à la recherche d’oiseaux multicolores, dépasser mes limites en empruntant des chemins inconnus, cette région devient mon terrain de jeux.
Un agouti, sur le site archéologique maya de Tikal.
Tikal à l'aube.
Je pars hors des sentiers battus en me rendant en camionnette défoncée à Sayaxché pour y admirer des temples mayas oubliés. C’est un moment très introspectif, et pour une fois personne ne m’attends au bout de la route. On ne me dit pas dans quel hostel aller, il n’y en a pas. Je demande un lift pour un site archéologique, on me fait non de la tête. Le seul hôtel de la ville est vide. Le soir, une fête de l’école municipale met à l’honneur les musiques Guatémaltèques traditionnelles. Les locaux rient de mon incapacité à manger une tortilla correctement. Les enfants me montrent du doigt. Les adolescents me défient du regard et les adolescentes sourient en me voyant passer. C’est un autre pays que je découvre, loin des hostels et des européens. Un moment précieux qui reste vif dans ma tête. Je me sens perdu mais je pousse encore. Je visite des sites archéologiques déserts, où les bruits des animaux font sursauter, ou la peur de se perdre dans des sentiers non balisés est ancrée en moi. En faisant du stop, je m’arrête devant un arbre magnifique, rouge éclatant. Je me sens en paix. Cela faisait longtemps.
A Sayaxché, la route s'arrête. Pour passer la rivière, il faut prendre le bac qui tourne sur un gros moteur Yamaha caché sous les branches de palmier.
Bain improvisé en face de Sayaxché.
Ruines archéologiques d'El Ceibal, proches de Sayaxché, dans le Peten.
En attendant un lift.
Revenant une dernière fois près de Tikal, je retrouve au bord du lac un couple déjà croisé auparavant et qui se balade avec leur fille de 18 mois. Je passe deux jours en leur compagnie et la vie devient douce. Le matin, je me lève aux aurores pour apprécier les singes hurleurs et les oiseaux qui gambadent à la recherche de baies. L’après midi, je me baigne dans les lacs après m’être préparé une salade d’ananas, de mangue et de maracuyas.
Le long du lac Peten Itza, à nager parmi les caïmans.
Après hésitations, je décide de zapper le Bélize, car les Caraïbes m’ont déjà offert des plages parfaites et que mon budget ne le permet pas réellement. Je pars alors pour Livingston, à la pointe Est du pays, afin d’apprécier une culture tout à fait différente des mayas et prendre quelques jours de bon temps à la mer. Le trajet en hors-bord est magnifique et les oiseaux nous suivent d’en haut. Arrivé au port, la culture Garífuna, introduite par les esclaves d'origine africaine migrants des colonies anglaises, fait son apparition. Un peu de reggae sort des enceintes mais cela reste doux. C’est les Caraïbes version tranquille. Pendant quelques jours, je pose mon sac sur cette orée du monde, à m’attarder sur des quais de bois, me baigner dans une mer chaude, me faire poursuivre par des chiens et me balancer sur des hamacs au dessus de l’eau. Les touristes sont moins nombreux et les jours passent tranquillement.
En attendant le bateau pour Livingston, à Rio Dulce. Les locaux font leur lessive et se baignent dans le fleuve du même nom.
Le long du Rio Dulce, seul moyen d'arriver à Livingston.
Livingston, sur la (petite) bande côtière caribéenne du Guatemala.
Près de Livingston. Derrière moi, le Belize tout près.