Miami
C’est une des premières sensations, qui se mêle naturellement, d’une certaine manière, à l’air humide et chaud des tropiques : Miami, c’est avant tout la porte d’entrée vers l’Amérique latine. On le sent dès l’arrivée, en écoutant d’une oreille distraite et fatiguée les accents prononcés des diverses communautés latinos. On le sait, les cubains sont déjà nombreux à s’être installés dans le « Sunshine state ».
En réalité, plus de 60% de la ville parle espagnol, et on retrouve à tous les coins de rue des accents colombiens, dominicains et portoricains.
Cette réalité me rappelle la joie avec laquelle les colombiens suffisamment aisés me parlaient de leurs projet de s’installer à Miami pour leur retraite, ou d’envoyer un de leurs fils étudier aux États Unis. Ici, c’est l’objectif de vie de nombreux latino-américains. Ici, les latinos sont donc chez eux.
Bien que les latino-américains soient majoritaires, on retrouve également énormément d’Haïtiens, qui y ont leur quartier au nord de la ville ; des bahamiens, historiquement présents à Coconut Grove, quartier autrefois populaire avant que les populations noires y soient lentement chassés par les bobos cherchant leur place au soleil.
Aller à Miami, c’est comprendre un peu plus l’idéal de vie imaginé par tous ces colombiens que j’ai croisé auparavant. Aller à Miami, ça m’a d’ailleurs permis de comprendre pourquoi tant de références que les colombiens me faisaient sur l’occident étaient finalement calquées sur l’image qu’ils se faisaient des États Unis. Les décorations de Noël exubérantes, les maisons gigantesques, les voitures pétaradantes, les malls insupportablement énormes, toutes ces choses que j’avais pu vivre en Colombie et dont j’ai bien mieux compris l’origine en deux jours à Miami.
Je m’avance peut être un peu trop, mais j’ai la sensation que les latino-américains sont bien plus proches des états-uniens que les européens. J’aime bien dire que la société latino-américaine c’est comme les États Unis mais avec plus de pauvres, mais je ne suis pas sûr que ça passerait toujours. De ce que j’ai pu apercevoir, au plus on monte dans l’échelle sociale, au plus les classes de ces deux continents se confondent, et Miami en est sûrement le meilleur exemple.
A Miami Beach
Ça n’empêche, Miami c’est énorme, ça en jette, c’est tape à l’œil, ça n’a rien à voir avec Bruxelles (on s’en doute mais je préfère quand même l’écrire). Et donc c’est une expérience en soi, qui vaut le détour, ne serait ce que quelques jours, entre deux destinations, entre Madrid et San Juan par exemple.
La dernière version des Tesla, toute en acier. Chacun se fera son avis.
Après coup, cela semble dès lors naturel de commencer la découverte de ce bout du monde par cette ville qui, bien qu’états-unienne à en crever, laisse entr’apercevoir en permanence un continent assez proche que pour que les odeurs de fritures, les surnoms chaleureux et les syncopes du reggaeton nous viennent en permanence le rappeler.
Expression colombienne
Deux jours à Miami c’est peu, et j’ai dû pas mal batailler pour voir ce que je voulais, tout en devant m’habituer à une ville sans trop de transport en commun, si ce n’est un métro assez efficace pour relier South Miami - où j’avais élu domicile temporairement - et les divers quartiers touristiques.
Quelle exubérance ! On dirait que la ville entière s’est passée le mot, et que les oiseaux comme les arbres ont décidé de suivre la tendance - même si c’est probablement l’inverse. Moi qui avait entraperçu la « deep america » du Michigan, avec ses grands noisetiers remplis d’écureuils et ses grandes demeures typiques de la campagne du Nord des États Unis, j’ai rapidement rangé mes souvenirs dans ma poche pour découvrir un territoire totalement différent.
Les quartiers riches de Miami s’étendent sur des kilomètres entre Downtown et les Everglades, au milieu d’arbres tropicaux luxuriants et d’animaux colorés qui y ont élu domicile. Là, on trouve des voitures de luxes coincées au feu rouge, des maisons avec colonnades de très mauvais goût, des allées de palmier menant à des maisons plein pied immenses, des joggeurs invétérés malgré l’air beaucoup trop humide pour moi… on trouve de tout sauf des trottoirs.
Trottoir tropical
Un des gigantesques hôtels de Coral Gables
Juste pour le cliché :)
Mon chez moi pendant deux jours !
Mais l’attraction principale de Miami, ça reste évidemment Miami Beach et ses maisons art déco couleur pastel. Pour y arriver, c’est pas très compliqué, une fois qu’on arrive à comprendre l’accent états-unien des nombreux agents de sécurité qui vous regardent d’un air blasé dans les stations de métro. On prend un bus qui quitte Downtown et passe de l’autre côté de la baie, sur une autoroute au milieu de l’eau à côté de laquelle se prélassent des îles aux doux noms de Star Island, Hibiscus Island ou Palm Island. Au loin, on aperçoit les villas incroyables des célébrités qui, cela dit, ne doivent pas avoir un très beau point de vue depuis leurs piscines.
Je ne vais pas vous mentir, Miami Beach, quand on est habitué aux ciels gris-blancs bruxellois, ça en jette. La mer est pour ainsi dire bleue-verte, comme sur les photos de vacances présentes en bien trop grand nombre sur Instagram. L’atmosphère est tranquille, le soleil tape, les gens sont à moitié nus, les voitures sont énormes ou bien tout aplaties et font un bruit pas possible pour quelques mètres avalés, les sounds systems sont très efficaces. J’ai trouvé ça bête juste après mais tout ça ressemblait vachement à GTA, et je me suis dit que c’était plus l’inverse et que c’est juste que j’avais jamais vraiment été aux États Unis.
Au loin, Downtown s’efface et laisse la place aux conversations de plage, au reggaeton et aux postes de secours couleurs pastels (bah oui) apaisantes.
Dans le quartier, les maisons style art déco se succèdent. C’est très agréable à regarder, même si on dirait que les états-uniens ont mixés Disneyland et des touches méditerranéennes. Le soir, les néons s’allument et donnent une autre impression, plus futuriste. Les scènes de Scarface paraissent beaucoup plus réelles.
Miami Beach
Une des artères principales de Miami Beach
Le fameux style art déco qui fait penser à Scarface
Un peu plus au Nord de South Beach, on trouve tous les hôtels de luxe. C’est assez jouissif de rentrer dans leurs hall comme si l’on était client en faisant mine de savoir où aller. Mon truc à moi c’était les piscines. A vrai dire, j’ai été un peu déçu (ça reste de l’eau, vous allez me dire).
Bref, je suis parti de là avec un léger trop plein de richesse qui ne me lâchera plus de tout mon séjour à Miami.
Les touches méditerranéennes sont toujours présentes dans l'architecture
La nuit, les néons changent l'atmosphère de Miami Beach
Annick, qui m’a accueillie chez elle ces deux jours, m’a expliqué l’évolution sociale des différents quartiers de Miami, fortement liés aux origines ethniques de leurs habitants. La ségrégation, somme toute, avait prévu des quartiers pour les populations noires et des quartiers pour les populations blanches. Bien qu’elles ne soient plus d’actualité, les limites sont toujours bien présentes, quoique plus difficilement apercevables.
Paradoxalement, j’ai trouvé que la mixité ethnique était bien plus forte aux États Unis qu’en Europe, et j’ai ressenti la même chose à Puerto Rico (à suivre). Ces propos n’engagent que moi, mais les Noirs étaient beaucoup plus avenant avec moi aux États Unis qu’en Europe, où j’ai toujours senti une légère défiance mutuelle, un inconnu qui impressionne et fait peur. Je sais que ça peut paraître choquant pour certaines personnes, mais c’est un ressenti que je tiens à exprimer.
Finalement, c’est principalement la classe sociale qui détermine les rapports sociaux et la vie en collectivité. C’est impressionnant que ce soient les États Unis qui me le confirment aussi directement.
Miami c’est bien plus que la plage, et les différents quartiers que j’ai pu visiter me l’ont bien montré. Ici, je crois que les photos feront office d’histoire à ceux que ça intéresse.
Autrefois déserté, Downtown est de plus en plus investi par la population
Ici, le métro est aérien et c'est assez fun
En attendant le métro
Comme toutes les grandes villes, Miami a son ancien quartier industriel devenu hype et artistique. Ici, il s'appelle Wynwood.
Maison bahamienne
Avec le climat, les orchidées ne sont pas en pot mais poussent directement sur les arbres
Ted Cruz, le contre exemple du charisme et candidat malheureux à la primaire républicaine, est également gouverneur de Floride. Comme tout bon crétin, il s'imagine qu'éduquer à la sexualité c'est pactiser avec le diable. Alors il vote des lois pour interdir des remakes de Disney et des livres pour adolescents. Je dis crétin, mais c'est sûrement de l'hypocrisie, et une stratégie électorale. Du coup, les citoyens s'activent pour conserver leurs libertés en créant par exemple ces boites à livres contenant également les livres bannis des écoles publiques.