Rép Dom
Vidéo introductive...
Cette musique est un des dembows les plus connus de Rep Dom. Le dembow c'est le reggaeton de la RD. Lorsqu'une fille est "uva bombón", c'est quelle est bien foutue. Oui oui, l'espagnol ici c'est autre chose que dans tous les pays hispano dans lesquels j'ai pu aller. Les gens parlent tellement vite que leurs propos sont souvent incompréhensibles aux non initiés. Mais la musique fait oublier tout ça...
La République dominicaine est une histoire de couleurs. Un patschwork de tonalités difficiles à mélanger mais qui, en se superposant, donne un rendu magnifique.
Et quelles couleurs ! Quelles sensations, quelle intensité de vie, quelle singularité dans les gestes quotidiens, les pas de danse, dans les sourires sincères et les cris de joie, dans l’indignation, dans les injures jetées avec légèreté sous la chaleur des rues. Quelles proportions extravagantes des vies rencontrées dans les quatre coins du pays, à moto, dans les taxis à huit, dans les guagua où l’on chante les classiques de bachata à tue tête, dans les rues où le bassin et les hanches sont rois. Les engueulades qui traversent les rues, les rires aux éclats, les interpellations des passants, les bachatas sauvages, les pas de dembows des gamins le soir, tout cela pétille et laisse échapper une fresque inattendue et si vivante...
Ces deux mois m’auront permis d’entrevoir, avec beaucoup de difficultés au départ, le bonheur de vivre à la dominicaine. Car les premières semaines auront été difficiles, et c’est justement en partant de ce pays des tropiques que je me suis rendu compte de sa singularité, de l’intensité avec laquelle les gens s’attachent à vivre. Un premier aperçu donne pourtant à voir un peuple pas très travailleur, assez lent dans tout ce qu’il entreprend, davantage prêt à s’asseoir sur les chaises en plastique vertes estampillées de la bière nationale que de porter l’uniforme de travail et de s’acharner au boulot. Au détour des rues, on trouve davantage de colmados, l’Eden des buveurs de rhum et de bières, que de commerces traditionnels. Chaque village semble compter davantage de guichets de loteries que de rues. On ne sait pas trop de quoi l’économie dominicaine est faite, comment les gens se nourrissent, avec quel argent ils peuvent acheter leurs boissons qu’ils boivent sur les places le soir.
Et c’est parce qu’il faut prendre la fresque à l’envers. Changer le regard, imaginer ce que peut être la vie lorsqu’elle s’accroche à l’instant présent, à aujourd’hui, à ce qu’on va manger ce soir, ce qu’on va faire dans une heure. Pas demain, pas la semaine qui vient. Bien sûr que les gens travaillent, mais juste suffisamment que pour pouvoir profiter, même si cela signifie davantage se poser à l’ombre sur sa chaise et regarder le monde passer lentement, avec un merengue en bruit de fond à faire peter les tympans, un verre de bière à la main, que de partir en vacances à Punta Cana ou d’aller en discothèque. Les dominicains jouissent de leur existence autour de leurs éternelles parties de domino, à faire claquer les fichas sous les cris des copains, la nuit, alors que les gamins dansent ou jouent au basket.
La fresque est la même - celle d’un peuple qui prend le temps de vivre - sa signification est différente. J’étais étonné de rencontrer des jeunes dominicains se baladant sur les plages, à hésiter entre une pause rafraîchissante et une partie de pêche, se nourrissant des mangues qui tombaient, mûres, devant nous, remplissant leur bouteilles de mamajuana de rhum bon marché, cueillant le jour, sans avoir ouvert beaucoup de livres mais en vivant avec une philosophie qu’en Europe on nous vend au travers de cours de Tai Chi et de Club Med à 3000 euros.
Dans ma vie de tous les jours, ici à Santo Domingo, je n’ai pas toujours eu facile à déceler cette manière de vivre, ou du moins à l’appréhender correctement.
En matière de couleurs, aucun pays que j’ai eu la possibilité de visiter ne représente mieux la diversité de la palette d’un peintre que la République Dominicaine.
Les couleurs de la mer d’abord, bien sûr. Des tons turquoises, vifs, contrastés, bleus ciels, bleu azur, noirs, marrons après la pluie. Le soleil découvre les fonds marins, les nuages les font disparaître. Et dans la mer, des touristes blancs et rouges, le long des resorts.
Ailleurs, des dominicains de toutes les couleurs de peau. Malheureusement, ces couleurs-là ont un impact certain sur le possibilités de vie des natifs de République Dominicaine. Les natifs, ce sont les dominicains, tous métis à des degrés divers, et les haïtiens, nés de ce côté de la frontière. Je fais la distinction car les haïtiens nés dans ce pays se sont récemment fait déchoir de leur nationalité dominicaine face à une société qui leur est de nouveau de plus en plus hostile.
A ceux nés sur ce sol s’ajoutent ceux qui, depuis quelques années, fuient en masse la misère, la violence des gangs et l’incurie de l’état haïtien. Ils sont de plus en plus nombreux, fuyant la ruine de leur pays en espérant y revenir un jour, bientôt, quand le sort finira de s’acharner sur eux. C’est ce qu’ils disent les uns après les autres : la vie ici est dure, Haïti leur manque, mais aucun retour en arrière n’est possible. Alors ils prennent les boulots mal payés essentiels à l’économie de la RD, à savoir l’agriculture et l’immobilier. Ils sont maltraités, insultés, mais ils sont toujours contents de voir un gringo parler français, d’échanger quelques mots. Après quelques minutes, ils tentent de me convaincre de les aider, de leur donner de l’argent, un numéro de téléphone. Une vie précaire.
Avant que vous ne me repreniez pour mon essentialisation des habitants sur la base de leur couleur de peau, sachez qu’ici on pense différemment que dans les amphis des universités européennes. Si vous pensez que les européens sont racistes, n’allez pas en République Dominicaine, vous allez devoir relativiser. Les dominicains riches sont obnubilés par leur couleur de peau. Elle doit être la plus blanche possible. Même Trujillo, le dictateur dominicain qui a semé la terreur dans son pays - et pas uniquement au niveau architectural -, mettait du fond de teint pour feindre une origine plus blanche. Il a d'ailleurs contribué à normaliser le racisme et le mauvais traitement subis par les haïtiens. En 1937, face à ce qu’il a appelé une "invasion du territoire national" par les haïtiens, il a autorisé le massacre d’environ 20.000 d’entre eux. On a appelé cet événement le massacre du perejil, car les haïtiens étaient incapables de prononcer correctement le r espagnol.
La dictature est passée, mais les préjugés sont tenaces : l’entièreté (!) des dominicains m’a exprimé leur raz le bol des haïtiens, préférant qu'ils restent chez eux, car ils amènent supposément avec eux la violence, la pauvreté et une culture qui est trop différente. Le comble, pour certains dominicains, est que ces haïtiens forniquent avec les dominicains et font des bébés de plus en plus noirs, anéantissant par là même tout l’effort des riches pour paraître comme nous, occidentaux.
Alors quand c’est possible, certains dominicains poukavent. J’étais assis dans un bus revenant de Las Terrenas pour Santo Domingo, quand deux policiers font irruption pour un contrôle de routine. Dans les faits, ils ont seulement demandé leurs papiers aux plus noirs d’entre nous, avant de les sortir du bus et les mener par le bras au poste. Les autorités savaient ce qu’elles cherchaient : une résidente française m’a informé que les pauvres haïtiens venaient d’être dénoncés par les autres passagers au conducteur et à la police.
Ainsi va la vie actuellement en République Dominicaine, et les réseaux sociaux permettent la libération de la parole raciste. Toute mauvaise nouvelle de l’autre côté de la frontière est accueillie par des blagues de mauvais goût de ce côté-ci.
Aux dominicains à qui je questionnais l’humanité du refoulement massif des haïtiens à la frontière, des rafles en camion et des matraquages, on me répondait sèchement que les États Unis faisaient pareil et que les critiques des Blancs ne servaient qu'à passer sous silence leurs propres écueils en matière d’asile. Et toc. Un point pour eux. C’est juste plus brutal ici, et la délation n’est pas un problème moral. Les dominicains en ont assez. Le président s’est fait réélire en construisant un mur à la frontière, pour la toute première fois dans l’histoire du pays. Et les musées, pièces essentielles de tout roman national, racontent fièrement la même histoire : l'occupation haïtienne des premières années suivant l'indépendance de la RD a conduit au sacage de cette partie de l'île et à des massacres sans nom. Mais trois valeureux héros dominicains (très blancs pour le coup) ont réussi à les faire déguerpir et à proclamer l’indépendance de la République Dominicaine. Alors on passera pour l’empathie. D'ailleurs, la plupart des monuments dominicains sont érigés en l'honneur de Juan Pablo Duarte, un de ces trois héros. La querelle est donc bien ancienne.
Et c’est vrai que les vols à main armée augmentent ces dernières années, et que la plupart des criminels sont haïtiens. On connaît la chanson : c’est la paupérisation de la population qui mène aux vols, pas la couleur de peau. Mais notre légitimité morale en tant qu’européens est actuellement bien faible, alors il vaut mieux se garder de donner des leçons.
Mes journées ici, je les ai donc passées à flâner dans les rues, à suer sous le soleil de midi, à écouter les complaintes et les exaltations des passants, sans m'insérer plus que nécessaire dans leurs quotidiens.
Avant de vous raconter mon voyage en photos, j’aimerais vous souligner à quel point j’ai été heureux d’être en RD pour la place centrale qu’occupent ici la musique et la danse. Ce sont deux moteurs de ce voyage, qui me font sourire au quotidien et qui m’aident à colorier mon existence. Après Puerto Rico et son reggaeton, les rues dominicaines m’ont offert un festival de bachatas, merengues, salsas et dembow. Le dembow, c’est le reggaeton callejero à la sauce dominicaine. En solitaire, il consiste en un jeu de jambes assez impressionnant. A deux par contre, c’est plus sauvage : on imite la levrette (littéralement). C’est donc surtout une histoire de culs et de déhanchés. Le mec a toute son aise pour voir si la fille qui se démène devant lui vaut la peine d’aller plus loin, même si la plupart du temps cela reste festif. Toute une expérience :)
Ce qu'on croise dans la rue de RD :)
Au delà du fait qu'ils parlent vite, les rappeurs de dembows ne se caractérisent pas par un texte très fourni. Le but est surtout de danser, les paroles sont donc parfois trouvées en quelques minutes à mon humble avis.
Je crois qu'il est donc tout à fait possible de faire une bonne chanson de dembow à partir du moment où on a trouvé un beat. La deuxième astuce se trouve dans la répétition d'une phrase où d'un mot qui sonne bien avec une légère mélodie. Par exemple, je pourrais répéter tutarata tataturatata trente fois sur un bon beat et ça ferait un dembow du tonnerre. J'exagère un peu mais on en est pas loin...
Chose notable, la plupart des chansons de bachata, merengue et salsa datent déjà un peu, mais sont énormément connues de la population. Les bachatas traditionnelles surtout, qui ne sont pas vraiment les mêmes que les bachatas modernes que l’on danse en Europe, créent toujours des cris de joie et de larges sourires lorsqu’elles entament leurs premières notes. Les merengues sont beaucoup plus serrés et donnent l’occasion de connaître pas mal la condition physique du partenaire. Quant à la salsa, elle est très appréciée mais pas forcément bien dansée. En fait, ici comme dans la plupart des pays d’Amérique latine, les gens savent danser ce qu’ils appellent la salsa callejera, qui se compose surtout des quelques pas de base. Idem pour la bachata et le merengue. Il faut aller dans des fêtes plus spécialisées pour trouver de bons danseurs. Il n’empêche : les dominicains dansent avec une telle intensité et une telle joie, que même les pas les plus basiques créent des souvenirs mémorables. Face à cette incarnation du bonheur, les pas sophistiqués répétés machinalement par la plupart des européens, souvent davantage occupés à regarder leurs pieds ou le vide derrière leur partenaire, font bien pâle figure. Heureusement, la diaspora latino-américaine est de plus en plus présente en Europe, et c’est pour notre plus grand bien !
Raùlin est l'un des bachateros traditionnels les plus connus dans son pays. A chacune de ses chansons, les gens courent sur la piste de danse ou ferment les yeux en fredonnant les premières notes. Un vrai kiff ! Ça n'a rien à voir avec les remix de Disney façon bachata moderna.
Toutes les bachatas parlent d'amour et la plupart sont chantées par des hommes qui sont tristes d'avoir perdu leur moitié.
Allez, je vous fait explorer quelques moments de ces deux mois ici !
Mes premiers moments
LES MANGUES ! Je suis tellement déçu des mangues importées en Europe que je préfère n'en manger que là où elles poussent. Ici, je suis tombé juste au début de la saison. Et ça n'a rien à voir avec celles du sud de l'Espagne : elles sont de couleur orangées et super sucrées. C'était un de mes petits bonheurs quotidiens. Je vous épargne toutes les photos que j'ai prise des manguiers, vous aurez compris :)
En haut de l'hostel où je travaillais, il y a une petite place qui rassemble tous les vieux du quartier. Comme tout dominicain, ils se retrouvent autour d'une table de jeux de dominos à faire claquer les fichas et à se moquer gentiment de ceux qui perdent. Ça donne lieu à un dialogue incompréhensible tellement ils parlent vite. On a vite été initiés, mais ça n'avait pas la même allure.
Santo Domingo ne possède pas de plage à proprement parler. Alors qu'elle est située à côté de l'océan, ses habitants versent tellement de crasse que la seule plage habilitée est appellée garbage beach. Du coup, il faut prendre une guagua pour aller sur les plages environnantes. La première d'entre elles est Boca Chica, et rassemble tous les dominicains le week end. Bonne ambiance !
Impossible de nager à Boca Chica : on a toujours pied ! C'est sûrement pour cela qu'elle est si populaire dans le pays. La natation n'est pas au programme des écoles. Il n'y a qu'une piscine à Santo Domingo !
Santo Domingo
La zone coloniale et touristique
Durant mon séjour ici, le centre touristique était en restauration complète. Pas de chance, la plupart des monuments étaient fermés et les rues n'étaient pas toujours très praticables. Il semble néanmoins que les autorités ont compris que le tourisme ne devait pas forcément se limiter à Punta Cana et Puerto Plata. Et de fait, les immeubles abandonnés se vendent comme des petits pains et sont transformés en boutique hôtels. Les prix s'en font déjà sentir. D'ici deux ans, le centre ville devrait être aussi beau que les autres villes coloniales sud-américaines... et leurs habitants historiques devront trouver de nouveaux toits.
Pour restaurer la zone coloniale, quoi de mieux que les... haïtiens ! Ils forment en effet la majorité des travailleurs et sont rarement bien payés à travailler sous un soleil de plomb. Et on verra pour les papiers...
Santo Domingo a été la première capitale de l'Empire Espagnol, avant que les conquistadores ne se rabattent sur La Habana, plus pratique pour organiser les expéditions vers le continent américain. Afin de se défendre des attaques des pirates soutenus par les anglais, ils ont rapidement construit une enceinte fortifiée qui est en partie présente à l'est de la ville coloniale. Assez agréable en fin de journée, la plaza de España la borde.
Une quinceañera se fait photographier avant de célébrer son passage à la "maturité". Pour ceux qui ne le savaient pas, en LatAm, les jeunes filles sont considérées comme "prêtes" à 15 ans et leur anniversaire est célébré en fanfare pour l'occasion. J'avais eu l'occasion d'en célébrer en Colombie, mais cela reste toujours un peu bizarre de voir les idées patriarcales subsister de cette manière.
Une partie de la ville coloniale et des bâtiments historiques est déjà restaurée. Le résultat est étincelant !
La situation des amérindiens sous le joug espagnol a soulevé pas mal d'indignation de la part du clergé. Le plus connu des défenseurs des autochtones s'appelle Bartolomé de Las casas et il a défendu sa vie durant la dignité des peuples qui ont été si cyniquement massacrés et décimés. Pourtant, pas de trace de cette figure humaniste dans les musées dominicains, qui lui préfèrent un autre clerc davantage proche de la positon des officiels espagnols. On voit donc que le racisme remonte à loin. En tout cas, ici, il n'existe plus d'amérindiens... les espagnols les ont rapidement remplacés par des esclaves africains afin qu'ils travaillent dans les champs de canne à sucre.
Malgré la rénovation de la ville coloniale, la voiture reste reine. En général, elles avancent moins vite que les piétons qui marchent à côté, mais elles ne se privent pas d'endommager nos poumons... (je leur ai jamais rien dit promis).
La rue principale est la Calle del Conde, qui n'est pas belle mais à le mérite d'être piétonne. Tout du long, les gringos se voient proposer des babioles et des peintures représentant des paysages dominicains et... des culs de Dominicaine.
Santo Domingo possède tous les "premiers" bâtiments du Nouveau Monde. Première cathédrale, premier monastère, premier palais de la vice-royauté, on s'y perd un peu mais ça permet de se rendre compte de l'histoire qui vit le long des rues de la vieille ville. Ici la première cathédrale.
Avant que les terrains ne soient rachetés par un promoteur immobilier, les espaces verts entre deux maisons servent de parking.
Le reste de la ville
Santo Domingo est beaucoup plus chaotique que son centre colonial. Les rues puent la chaleur et les poubelles, les magasins rivalisent en musique, les passants vendent des brols ou des mangues. La rue est animée en permanence, ce qui n'est pas toujours le cas en LatAm. Bref, une expérience intense et joviale, sous un soleil qui brûle ou une pluie tropicale :)
Un des très (très) nombreux colmados de Santo Domingo, pour s'abreuver en rhum et en cerveza Presidente.
Le colmado de notre quartier.
Une des rares maisons créoles encore présente dans le centre colonial. On les remarque car elles sont faites tout de bois.
Chaos urbain à la Dominicaine.
Pour les petites et moyennes distances, on s'habitue vite à monter dans des carcasses brinquebalantes dont le moteur fait grincer toutes les pièces restantes. Tant qu'il y a de place, on ne part pas ! Une des expériences les plus proches de la vie des dominicains.
La Rép Dom est le pays de LatAm qui a le plus de plastique répandu dans la nature et le long des rues, à mes yeux. On dépasse de loin tout ce qu'on pourrait imaginer, et je n'ai rien vu de pareil ailleurs. Il y a énormément de raisons, mais quand on nous propose un sac en plastique pour l'achat d'un briquet, on a vite compris d'où vient l'un des gros problèmes de ce pays.
Las Terrenas
Las Terrenas est un petit bout d'océan à l'entrée de la péninsule de Samaná, au Nord de l'île. A priori, cette ville a tout pour satisfaire les amateurs de belles plages (c'est moi, vous l'aurez compris). Ces dernières années, elle s'est développée monstrueusement et accueille les européens fuyant Punta Cana. La ville reste cependant à taille humaine, même si les bruits constants des motos gâchent un peu le séjour. En s'éloignant un peu, on est à peu près tout seul sur une plage éclatante. Un vrai délice, à apprécier en photos !
Comme la RD est un pays difficile à explorer sans danger (nombreux vols à main armée en dehors des zones touritistiques, et même en leur sein - c'est pas que du blabla, vraiment), on hésite toujours avant d'emprunter un chemin ou personne ne va. Mais cela vaut souvent la peine, comme la plage ci-dessus. A posteriori, c'est réellement le pays le plus insécure que j'ai pu visiter, loin devant le Guatemala par exemple. Mais bon, on s'habitue et cela n'empêche pas de faire de belles rencontres la plupart du temps.
La pollution plastique est vraiment une calamité en RD, et les rivières et ruisseaux n'y échappent pas. A chaque averse, on voit dévaler des déchets par milliers et parfois même saugrenus, mais surtout des bouteilles et des semelles de chaussures. Cela bouche les canalisations et mène à des débordements dans les terrains avoisinants.
Parmi les rares expéditions touristiques que j'ai pu faire, le parc national des Haitises a été la première. On part en bateau vers la réserve naturelle et on navigue entre les îlots remplis d'oiseaux. Très sympa mais, comme tous les tours, beaucoup plus court que ce que l'on souhaiterait et la sensation qu'on nous traite toujours comme des débiles à qui il faudrait sortir le plus de tunes en le moins de temps possible.
Les paysages en valent néanmoins énormément la peine.
Le sud-ouest du pays
Beaucoup moins touristique, le sud du pays, vers Barahona et Haïti, est une vraie perle rare. Ici, pas de station balnéaire (les courants sont trop forts) mais des villages déconnectés du reste du pays accrochés à des collines dont les eaux dévalent les pentes pour atterrir, glacées, dans un océan bleu fluo. A perdre la notion du temps.
Les autorités ont bien compris - ou croient comprendre - la beauté de la région et sont sur le point d'inaugurer un tout nouvel aéroport avec son lot de resorts. Si vous avez prévu d'aller en RD, ne ratez pas ce coin avant qu'il ne se PuntaCanaïse.
A défaut de se baigner dans la mer, les dominicains ont aménagé des bassins dans les lits des rivières. Mieux vaut venir en semaine, sauf si l'on veut boire du rhum Barcelo avec les enceintes à fond en compagnie de locaux. Et tant pis pour les déchets.
La région est la plus pauvre du pays et peu d'argent y arrive. Les maisons sont encore donc pas mal en bois, et on perçoit les scènes de vies au travers des planches surannées.
Le larimar est une pierre semi-précieuse que l'on trouve uniquement dans une mine située dans le Sud Ouest de la RD. Elle fait partie du patrimoine national et est travaillée par quelques artisans principalement installés dans la capitale. Dans la rue, difficile de percevoir les imitations, donc il vaut mieux aller dans les ateliers d'artisans. J'ai ramené de beaux souvenirs :)
Las Galeras
Las Galeras est un petit village situé à l'extrême est de la péninsule de Samaná. Encore un petit bout du monde. La bas, on range ses téléphones et on apprécie la lenteur de vivre, les mangues, les plages, le bruit des motos et le chant des oiseaux. Un bonheur. Une des rares fois où j'ai voulu rester plus longtemps que ce que je pouvais. Un beau petit bout du monde :)
Pour arriver jusqu'à la péninsule de Samaná, le bus traverse la vallée du Cibao, qui produit l'essentiel de la nourriture du pays.
Et puis c'est le bonheur.
Les couleurs marines.
Mon quotidien
Au delà de mes escapades hebdomadaires, je passais la plupart de mon temps à Santo Domingo. Un vrai quotidien que j'ai construit avec le temps et qui m'a permis de capter davantage l'ambiance de ce pays.
Avec ses plus de trois millions d'habitants, Santo Domingo croule sous les arrivées de nationaux qui s'installent dans les faubourgs et créent les classiques favelas latinos. On n'y rentre pas, sauf pour faire une œuvre humanitaire ou du tourisme que je trouve pervers. Mais ici, on peut en survoler une partie en téléphérique, et c'est assez agréable lorsque la brise s'infiltre dans la cabine. On pourrait même rester à se balancer au dessus des maisons toute une après midi tellement c'est agréable.
Le plat typique dominicains, c'est le moro (riz aux haricots) con pollo guisado (du poulet mariné) et salade de pâtes. Bon, pas cher, mais lassant évidemment.
A côté de l'hostel, il y avait un quartier super animé (et un peu craignos) où les fruits coûtaient deux centimes. C'était mon rendez vous quotidien avec les dominicains. Vu que la bouffe est franchement pas terrible, il faut se rabattre sur les fruits qui, eux, sont savoureux à souhait !
La rue de l'hostel... en réparation permanente
Archétype de la vie à la dominicaine.
Colmado.
Et bien sûr... la danse ! Ici, comme en Colombie quand j'étais à Bogota, il suffit d'attendre un peu sur le bord de la piste avant de se faire inviter à danser. Un grand bol d'air lorsqu'on a passé une journée pas super fun.